Plusieurs des biographèmes attachés à la muse de Jean Doublet, Sibille (voir ce nom), correspondent indiscutablement à des épisodes réels de la vie de Cécile Miffant, dont les archives montrent, par exemple, qu'elle fut effectivement veuve d'un juriste (Constantin de Bures, mort en 1557) avant d'épouser le poète dieppois. Malgré cette forte articulation de la muse à la femme, soulignée par la proximité phonétique de leurs prénoms, nous prenons ici le parti de consacrer des fiches distinctes aux deux dames. De fait, avec Sibile, Jean Doublet s'inscrit ostensiblement dans la lignée du procédé adopté par Ronsard et plusieurs des poètes du règne de Henri II dans leurs pièces amoureuses : il fait d'elle une instance mixte, certes fortement attachée à la personne réelle qu'est semble-t-il Cécile Miffant, mais également reconfigurée par l'intertextualité, au travers de motifs empruntés aussi bien à la poésie de son temps qu'aux élégiaques latins, en particulier Ovide. L'élégie XVIII qui, dans la lignée de ce poète comme de Properce, met en scène un échange, épié par le poète, entre Sibile devenue veuve et une vieille maquerelle tâchant de la dissuader de s'unir en secondes noces au poète pour choisir un meilleur parti, est à cet égard caractéristique de cette "référence de la littérature au réel, mais médiée par la référence proprement intertextuelle" que Thiphaine Samoyault nomme "référencialité" (L'Intertextualité, mémoire de la littérature, 2001) et qui nous fait distinguer dans cette base la personne historiquement attestée de l'instance hybride constituée par une muse qui n'est pas pour autant seulement un personnage.
À ne pas confondre avec une homonyme plus jeune - sans doute sa parente - mariée à Geoffroy de Remond, seigneur de Cussy en 1581, mère d'une fille prénommée Suzanne en 1585 et d'un fils, Guy, en 1588 et peut-être fille de l'union d'un Etienne de Miffant marié à Marguerite Surreau, dame de Farceaux, veuve au plus tard en 1563 mais encore en vie en 1576, voire en 1584 (alors que la mère de Cécile Miffant, dame de Bois-Robert, semble morte au plus tard en 1558).