Paradin de Louhans Jean, "La mort, qui tout consomme"

 Transcription: id 51203
Incipit
La mort, qui tout consomme
Titre
Epitaphe d'un Cousin dudict Paradin
Transcription
La mort, qui tout consomme,
Occit un galant homme,
D'un dard pestifereux,
Qui jadis Jean nommé,
Parradin surnommé,
Et croissoit fort heureux.
Dès sa jeunesse tendre,
L'on le veit tousjours tendre,
Et tascher à honneur.
Après il se vint rendre
À Paris, pour apprendre,
Où puis trouva bon heur.
Là fut mis en office
De faire au Roy service,
Soubs monsieur du Perat :
Poursuyvant tout affaire,
Qu'on luy commandoit faire,
Sans fraude ny barat.
Puis il eut aux salines
Des marches Poictevines,
Le Controlle du Roy,
Où l'on luy feit des mines,
Mauvaises et vulpines,
Et non sans grand desroy.
Y exerçant sa charge,
Perigort sus luy charge 
De coups un million :
Mais le Roy feit entendre,
À ceux qu'il en feit pendre,
Que c'est rebellion.
Ce gentil personnage,
À trente ans de son aage,
L'an mil quarante six,
Et cinq cens davantage,
À Paris fut occis.
En cinq jours Mort le tue,
Pendant il s'esvertue
De fort luy resister :
Et demandoit sa maille,
Qui ne vault une maille,
Pour contre elle insister.
Cousin maistre Guillaume,
Qui par tout le Royaume
Fais bruire tes escrits,
Que ta veine s'allume,
Et prens ta docte plume
De ce tien frere escris.
Tu n'estois pas à l'heure
De son mortel demeure,
Maistre Jean Parradin,
Pour garder qu'il ne meure,
Par la science meure,
Qui croist en ton jardin.
Sa mort qui fut tant brieve,
Tous ses parens fort grieve,
Et plusieurs ses amis :
Car il leur fut tant propre,
Que pour eux le sien propre,
Avec son corps eust mis.
Douleur par trop amere,
En ont souffert sa mere,
Ses freres, et ses seurs,
Et toute l'alliance
Qui, par experience,
Ont congneu ses doulceurs.
Mesmes en ha souffrance
Le General de France
Nommé monsieur Boyer
Qui eut en luy fiance,
Du faict de la finance
Luy donnant bon loyer.
Mais tous, bien fort console
Sa derniere parole,
Que de cœur il donna :
Car faisant de foy signe,
Mourant comme le Cygne, 
Ce Pseaume entonna :
"Je te supplie (ô Sire)
Ne reprendre en ton ire,
Moy qui t'ay irrité :
Ny par fureur terrible,
Me transmets en l'horrible
Tourment qu'ay merité."
Faisons luy donc priere,
Qu'il ne jette en arriere,
Sa supplication.
Mais luy plaise par grace,
Qu'en Paradis ayt place,
Et habitation.

Amen

Copiste
Claire Sicard
 
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