Liesse au cueur bien grande me survient
Quand de rescripre occasion me vient,
Et mesmement quand loisir veult permettre
Que devers vous portêe soit ma lettre
Pour amplement vous donner congnoissance
De mon estat et ma convalescence.
Puis quatre moys que madame Pecune
M’a delaissé en me portant rancune,
Voulant du tout me mettre à desplaisance,
Mais mon esprit a trouvé resistance
A ce malheur : je fais chere infinie,
Sans que d’argent ma bourse soit munie.
Je cours, je viens et si trouve credit
Pour mes amys, sans aucun contredit,
Et qui plus est, je suis en liberté
Craignant tousjours estre en captivité.
Ce neantmoins je ne fais point d’excès
Pour susciter vers moy guerre ou procès.
Quand tout est dit, vray est que je plaisante,
Mais de ce jeu il fault que je m’exempte
Laissant mes ris, proposant de servir
Pour quelque bien, desormais desservir
A celle fin que ce nouveau service,
Plus que le vieil, me puisse estre propice.
C’est où je tends quand j’ay bien follié
Et où je veulx estre mis et lyé,
Et ce sera ung lyen proffitable,
Ayant trouvé ung maistre charitable.
Donc ce moyen que je veulx prochasser,
Mes precedens erreurs puit effacer,
Et mon service, exercé prudemment,
Pourra donner aux miens contentement.
Vous suppliant que ma lettre receue,
De vous aussy soit response apperceue,
Je feray fin, priant le createur
Qu’il soit de vous tousjours conservateur.