Bargedé Nicolas, "Ma muse changeons de propos"

 Transcription: id 47915
Incipit
Ma muse changeons de propos
Titre
A Messeigneurs messeigneurs Le Maçon tresorier extraordinaire des guerres, et Dosme advocat à la court, pour presenter sa Bergerie d'honneur à Monseigneur le Reverendissime Cardinal de Meudon. Ode
Transcription
Ma muse, changeons de propos, Assez vous estes reposée Avec Moins que rien vostre espoux, C’est assez faict de l’espousée, Il le fault laisser reposer, Et en autres vers composer. De plorer n’est tousjours saison, Dieu ne veult pas que l’on se tue. Ramenez à ceste raison Vostre espoux, et qu’il s’evertue Pour se resjouir du retour D’un qui des cieulx congnoist le tour. Le ciel se monstre à nous plus beau, Et la lune plus reluisante. Vostre oeuil ne soit plus un ruisseau, Qui rend vostre face luisante. Ne plorez plus, son Moins que rien, C’est assez ploré, tout va bien. Le vieil Colin nous fault trouver Avec sa ruralle caterve, Les pleurs luy convient reprouver, Joye pour luy n’est en reserve. Rions, le grand berger d’icy Le veult et le commande ainsi. Sus ma muse, mon petit cueur, Mes amours sus, qu’on se desgoise. De l’emmiellee liqueur, Fay yssir une ode Françoise. Dy que noz grands dueils sont passez, Ne parle plus des trespassez. Claudin fait desja son devoir De solenniser nostre feste. Collet par son divin sçavoir Immortalizera le reste. Pour nous rendre à eulx deux pareils, Il fault faire noz appareils. Chanter il nous convient plus hault Du berger prime et oultrepasse Des vertueux, muse il le fault, Car luymesme la vertu passe. Il a par ses divins esprits, Sur la vertu gaigné le pris. C’est le pasteur de saincteté, Gouverneur des praries sainctes : C’est le pasteur d’honnesteté, C’est le pasteur vivant sans fainctes, Qui par vertu merite l’heur, D’estre nostre prince et pasteur. Chantons par noz floris vergers, Que plus nous n’aurons de souffrance, Puis que le prince des bergers De Rome a fait retour en France, De rire aurons la liberté Tant en yver comme en esté. A son honneur, fault dicter vers, Hymnes, versets, psalmes, cantiques, Toucher sur instrumens divers, Ces louanges tresautentiques ; Et puis du berger bien appris Nous ferons un livre de pris. Mais, muse, qui presentera A ce grand pasteur nostre livre ? Le Maçon s’en exemptera, Estre en voudra Dosme delivre, De tel present s’exempteront Muse, non feront, si feront. Non feront, car ils m’ont promis Quant d’eulx je feiz la departie, Qu’ilz se monstreroyent noz amis, Et qu’ils seroyent de la partie. Qu’au Dieu Pan le presenteroyent, Faisant pour nous ce qu’ilz pourroyent. Allons donc, monsieur le Maçon Ne fauldra de s’en donner peine, Si hault fera tinter le son, De son marteau, qu’en pleine allaine Nous mettra de dame faveur, Dont nous gousterons la saveur. Dressons, ma muse, nostre cours Vers le sçavant advocat Dosme : Entendre fera le discours De moy, qui suis nud et pauvre homme. Mais noz esprits bien peu congneuz Par luy ne seront mescongneuz. Devant le soleil reluysant Ilz seront les sainctes lumieres, Presentant mon vers peu luysant Des Odes en ordre premieres, Puis mon Moins que rien penitent, Sur ce temps present mal content. Devant le pasteur de noz lieux, Presenteront ma Bergerie Qui le monte dessus les cieulx, La terre n’en est pas marrie Puis que Dieu d’elle en elle a fait Un œuvre tressainct et parfaict. O tressainct œuvre et sacré Dont la vertu tant est luysante, Reçoy l’œuvre en ton nom ancré Que ton Moins que rien te presente. Tout ainsi que luy ont promis Dosme et le Maçon ses amis.
Copiste
Claire Sicard
 
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