Mesmes Jean-Pierre de, "Nobles François, et Françoises"

 Transcription: id 47894
Incipit
Nobles François, et Françoises
Titre
Aux lecteurs
Transcription
Nobles François, et Françoises, Laissés-là ces vieux romans : Laissés ces fables Gauloises Vrais songes de gens dormans. Laissés la vene Essardine, Les doux espritz allechant, Comme la tourbe oyseline L’oyseleur de son doux chant. Laissés cil qui au dixiesme Rend si perfait Amadis, Et n’en desplaise au neufviesme Si le perfait nombre est : dix. Laissés la rage et manie De Roland, qui est sans sel, Et son Amour soit honnie Veu que son stile est tel quel. Mais les cent doctes nouvelles De Maçon ont plus de nez, Et plus les amours tants belles Du François Teagenés. Les songes de Polyphile Me semblent plus gracieux, Et le poignant et doux stile De Rabelais vaut bien mieux. Mais leur mignarde lecture Laisse, quiconque tu sois, Et la fraze docte et pure Du grand Pindare François. Laisse sa Cassandre belle Et ses bontez et vertus, Laisse l’Europe nouvelle, Et les Amours de Pontus. Laisse l’Angevine Muse Et les combatz d’Ilyon, Et à Marot ne t’amuse Heureux en traduction. Laisse la triste Delie Qui rend les doctes contens, Laisse tout, je te suplie, J’enten tout, pour quelque temps. Et vien veoir ce vert bocage, Qui est né tout à propos Pour donner un doux umbrage A l’amy de bon repos. Et pour donner allegence Et un grand contentement A l’esprit, qui de science Et de sçavoir est gourment. L’œil rit, et l’esprit se baigne Apres la diversité L’œil fuyt et l’esprit desdaigne Une mesme qualité. Icy sont diverses antes Et les fruitz y sont divers, En toutes saisons les plantes Et les arbres y sont vers. La forest Calidonie, Terreur à tous estrangers, Ardene, et la Hercinie, Sont norrices des dangers. Ceste forest n’est point telle Car on n’y voit jamais Mars, Ny Bellone la cruelle Ny ses lances, ny ses dars. La chasseresse Trivie Ne vient point dedans ces bois, Mais on y voit Uranie Et ses huict seurs plusieurs fois. Apollon meine la dance Par les plus touffuz destours ; Pallas y fait residence, Laissant ses chasteaux et tours. Et Phisis et sa Magie S’ayment parmy ces sentiers, La Sainte Theologie S’y promaine volontiers. Ceste forest fut plantée En plusieurs et divers lieux, Mais par tout elle est gastée Fors qu’en France, où elle est mieux. Or si vous la voyés riche De nouveaux petits sions Et si elle n’est en friche Comme aux autres nacions, Vous en devés rendre graces Au gentil Parisien Gruget, amy des trois graces Et du Dieu Latonien. Cœlum, non Solum
Source
Exemplaire non numérisé de : Les diverses leçons de Pierre Messie, Paris, Groulleau et alii, 1552 (Paris, Arsenal).
Copiste
Claire Sicard
 
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