Aubert Guillaume, "Or ne fault il craindre"

 Transcription: id 50737
Incipit
Or ne fault il craindre
Titre
Chant de G. Aubert. A la louenge des deux Marguerites de Valois
Transcription
Or ne te fault il craindre Muse, à prendre ton vol, Si gay qu'il puisse attaindre De l'un à l'autre Pol, Je n'ay ciré tes ælles D'un art Dedalien, Pour fondre aus estincelles Du flambeau Delien. De ta cheute honteuse L'on ne verra les eaus De la Mer écumeuse Prandre des noms nouveaus. Mais si tu veus répandre Ton immortalité Sur les dînes de prandre Ce guerdon merité, Saches que du jeune Aigle L'œil ferme est soustenant La clarté nompareille Du Soleil rayonnant Où l'indîne lignée Jettée de son rang, Est desacompagnée Du legitime sang. Jeune Aigle ainsi j'essaye, Si je n'ay des bons Dieus Grand faveur, une playe Double sur mes deux yeux : Sur mes deus yeux j'endure Deus Soleils, reluysans Mieus que cil qui mesure Par sa course noz ans ; Ce sont deus fleurs élites Des fleurs de l'Univers ; Ce sont deux MARGUERITES Qui luysent sur mes vers ; MARGUERITES dont France Prent le mesme renom Que Cinthe de l'enfance Du profete Apollon. Mais l'une glorieuse Sur un char triumphal Par une nue creuse Aux cieus clers à l'égal Des Dieus, pres de son frere Minerve la ravit : FRANÇOIS lors sa seur chere A grand' joye revit. Car il n'estoit en terre Plus serf du sort mortel, Siege ayant sceu conquerre Dans le trosne éternel ; El' l'y vit en presence Bravant entre les Dieus, Jadis l'honneur de France, Ores l'honneur des Cieus. Ainsi des Marguerites L'une au Ciel en bonheur Reçoit de ses mérites Le loyer et l'honneur, L'autre, d'un chaste zelle Tout aux vertus sacré, Ja bien haute en l'échelle Volle en mesme degré. L'une entre les déesses Garde le premier rang ; L'autre entre les Princesses Est premiere du sang. Ja de l'une, immortelle, Par tout s'entend le nom ; La terre universelle De l'autre oit le renom. L'une est aus Dieus plaisante ; L'autre nous esjouist. L'une aus Cieus est luysante ; Aus terres l'autre luist. Agréez mes prieres, O flambeaus nompareils, Si j'ay peu voz lumieres, Voz flamboyans Soleils, Tous deus faire reluyre D'un coup par l'univers, Les ayant sceu conduire Sur le pol de mes vers : Chose que de Climéne L'enfant ne pourra voir, Que grand dueil ne méne, M'enviant le sçavoir. Il oza par le vuide Prendre le maniment De la flambante bride D'un Soleil seulement. Mais ô la foible audace Des jeunes jouvenceaus ! De la celeste place Jusqu'au profond des eaus, Ses feus il fait épandre ; Tout se prit à flamber, Déja le monde en cendre Estoit pres de tomber. Chascun à lors reclame Jupin à son secours, A la flame la flame Le feit avoir recours. Il vint son foudre horrible Roidement tournoyant Autour du chef terrible De rage flamboyant : L'effrayant tintamarre Dardé de grand randon, Fut de l'enfant Bizarre Le condine guerdon. FIN.
Copiste
Claire Sicard
 
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