Rameau royal, illustre et florissant,
A qui honneur se rend obeissant,
Long temps y a, que ta magnificence
M’a demonstré l’œil de benevolence,
Qui apparoist gracieux aux letrez,
Et de l’amour des letres penetrez.
Dont sans cesser, fuyant ingratitude.
J’ay employé mon sens, et mon estude,
De me monstrer aux rayons de tes yeulx,
Plus reluysans qu’une estoille des cieulx,
Où il t’a pleu recevoir maint ouvrage
Par moy offert de tresnoble courage,
Pour resjouir ton œil doulx et humain.
Les uns souvent redigez de ma main,
Maint autre aussi de vers un peu plus meurs,
Et bien limé par les bons Imprimeurs.
Et pour plus fort te donner congnoissance,
Que j’ay vers toy durable obeissance,
N’a pas long temps qu’à ton cler jugement
Je presentay un livre seulement,
Representant de Caton la doctrine.
Pour
ton enfant qui ja parle et chemine.
Ce qu’il te pleut en riant accepter,
Ce Caton là, sans rien en excepter,
A si bien dit en ses metres petitz,
Que les plus clercs prennent grands appetitz
A y gloser, voire
Erasme luy mesme,
Qui par sçavoir merite un diadesme.
Donc ensuyvant ma volunté premiere
Je n’ay voulu exposer en lumiere
Ce livre seul, que je te vins offrir
Mais par le temps qui l’a voulu souffrir,
J’ay mis à fin les livres qui sont quatre
Pour desormais
ton petit Duc esbatre,
Ton filz bien né, que l’espoir environne
D’avoir un jour la royale couronne :
Bien esperant, luy en aage venu,
Que ce livret par luy sera tenu.
Et ce pendant espandu par le monde
Il servira d’exemple, pur et munde,
A toute gent, qui publira ton nom
Plein de valeur et immortel renom.
Fin de l'epistre