Puys que je veoys l’emprise descouverte
Et à chascun tresamplement aperte,
Je veulx escrire à mon tour,
cher Hanon
Quoy, des mensonges ? ou des fables ? ha non !
Ce ne sont pas icy lettres patentes
Qu’on va criant par chemins et par sentes
Qu’onque
le Roy ny grand maistre n’escrit :
Mais ung lourdault qui n’a sçavoir n’esprit.
Changeons propos, et toy prens grand horreur
Car il est vray que
ce vil empereur
A faict mourir
ce noble sang françoys
Las quel françoys ? de tous humains le choys
Lys en doulceur, liepard en courage
Tresliberal, bien formé de corpsaige
Prompt à faillir, à luiter ou combattre
Prest en tout temps, à grand travail s’ebatre
Puys à la foys se metoit à forger
Forger ? helas, je ne vueil mensonger !
Car
Deleves en sa vie conspira
Haine mortelle qui la France empira
Quant il ouyt ses vertueux esbas
Disant que noises, et merveilleux debatz
Tel forgeron leur pourroit bien forger
Dont de son camp feit soudain desloger
Le mortifier, que puys mort a feru
- Comment feru, a il mort par fer eu ?
- Non pour certain, mais par trop legiers maulx
Car seullement fut tiré à chevaulx
Qui n’est tourment, ny sallaire condigne
A mectre affin, ung tel puant indigne
Mais
ce meschant devant petit de temps
Mit tout son sens, estude et passetemps
A mectre à mort la race des Troyens,
Je parle à tous, chrestiens et payens,
Car pour ce temps commençoit aux Françoys
S’il eust duré, certainement je croys
Que sa poison fust aultrement allée
Et droit au lieu où
l’aigle sa vollée
Eust voulu prendre pour mectre tous Roys bas.
Il est beaucoup de plus plaisans esbas
Que de mourir avant qu’estre escrié ;
Tu veoirras bien
cest aigle descrié
Quand ses vices seront en evidence.
Qu’esse de luy ? traison ou prudence ?
Ha non, pour dieu escriptz en quelque traict
Il feit mourir
le sieur de L’Autrait,
Le pape aprez, sans d’autres ung million.
Marot, escript à
ton amy Lyon
Sy Gerion est mort ou suscité
Et
l’ennemy que
l’aigle a suscité
Pour consommer du
bon Daulphin la vie.
Est ce vengeance, avarice, ou envye ?
Fais de ce faict vers nous souffler ta muse
Sans t’amuser aux choses dont tu use.
Et toy,
Sagon, qui feis ton
coup d’essay
Escrit par vers en brief ce que tu sçay
De ceste mort, tant plainte et lamentée.
Et si Cesar, Scipion, ou Pompée
Firent leurs guerres par telle traison,
Et si Jason conquit point la toison
Par telz moyens que l’on nous veult surprendre,
Escrit aussy tous les faictz d’Alexandre.
Brief, de tout prince qui regna triumphant
Jamais nul d’eux ne feit mourir enfant
Mais si
cest aigle vouloit suivre Jason
Luy metant sus, qu’il usa de poison
Ou de drogues dictes artificielles,
Escriptz au long assçavoir mon si elles
Furent gettées sur aucuns corps humains
Ou si tels faictz semblent pas inhumains.
Juge au certain selon la vérité,
Si ne le fais comme tout despité
Je concluray, que ne fais que ploier
A tout bon oeuvre se faict bon employer.