Moyencourt Adrian de, "Puys que je veoys l’emprise descouverte"

 Transcription: id 47849
Incipit
Puys que je veoys l’emprise descouverte
Titre
Epistre envoyée audit Hanon A Beauvoys
Transcription
Puys que je veoys l’emprise descouverte Et à chascun tresamplement aperte, Je veulx escrire à mon tour, cher Hanon Quoy, des mensonges ? ou des fables ? ha non ! Ce ne sont pas icy lettres patentes Qu’on va criant par chemins et par sentes Qu’onque le Roy ny grand maistre n’escrit : Mais ung lourdault qui n’a sçavoir n’esprit. Changeons propos, et toy prens grand horreur Car il est vray que ce vil empereur A faict mourir ce noble sang françoys Las quel françoys ? de tous humains le choys Lys en doulceur, liepard en courage Tresliberal, bien formé de corpsaige Prompt à faillir, à luiter ou combattre Prest en tout temps, à grand travail s’ebatre Puys à la foys se metoit à forger Forger ? helas, je ne vueil mensonger ! Car Deleves en sa vie conspira Haine mortelle qui la France empira Quant il ouyt ses vertueux esbas Disant que noises, et merveilleux debatz Tel forgeron leur pourroit bien forger Dont de son camp feit soudain desloger Le mortifier, que puys mort a feru - Comment feru, a il mort par fer eu ? - Non pour certain, mais par trop legiers maulx Car seullement fut tiré à chevaulx Qui n’est tourment, ny sallaire condigne A mectre affin, ung tel puant indigne Mais ce meschant devant petit de temps Mit tout son sens, estude et passetemps A mectre à mort la race des Troyens, Je parle à tous, chrestiens et payens, Car pour ce temps commençoit aux Françoys S’il eust duré, certainement je croys Que sa poison fust aultrement allée Et droit au lieu où l’aigle sa vollée Eust voulu prendre pour mectre tous Roys bas. Il est beaucoup de plus plaisans esbas Que de mourir avant qu’estre escrié ; Tu veoirras bien cest aigle descrié Quand ses vices seront en evidence. Qu’esse de luy ? traison ou prudence ? Ha non, pour dieu escriptz en quelque traict Il feit mourir le sieur de L’Autrait, Le pape aprez, sans d’autres ung million. Marot, escript à ton amy Lyon Sy Gerion est mort ou suscité Et l’ennemy que l’aigle a suscité Pour consommer du bon Daulphin la vie. Est ce vengeance, avarice, ou envye ? Fais de ce faict vers nous souffler ta muse Sans t’amuser aux choses dont tu use. Et toy, Sagon, qui feis ton coup d’essay Escrit par vers en brief ce que tu sçay De ceste mort, tant plainte et lamentée. Et si Cesar, Scipion, ou Pompée Firent leurs guerres par telle traison, Et si Jason conquit point la toison Par telz moyens que l’on nous veult surprendre, Escrit aussy tous les faictz d’Alexandre. Brief, de tout prince qui regna triumphant Jamais nul d’eux ne feit mourir enfant Mais si cest aigle vouloit suivre Jason Luy metant sus, qu’il usa de poison Ou de drogues dictes artificielles, Escriptz au long assçavoir mon si elles Furent gettées sur aucuns corps humains Ou si tels faictz semblent pas inhumains. Juge au certain selon la vérité, Si ne le fais comme tout despité Je concluray, que ne fais que ploier A tout bon oeuvre se faict bon employer.
Source
Exemplaire non numérisé de : Copie de l'arrest du Grant Conseil donné à l'encontre du Miserable et Meschant Empoisonneur de Monseigneur Le Daulphin, Paris, Mallard, 1536 (Paris, Arsenal).
Copiste
Claire Sicard
 
Linked from
Referenced by
 
more...