Sainte-Marthe Charles de, "Aristippus, Philosophe approuvé"

 Transcription: id 47839
Incipit
Aristippus, Philosophe approuvé
Titre
A R. Pere en DIEU, Monseigneur Anne de Grolée, Abbé de S. Pierre de Vienne
Transcription
Aristippus, Philosophe approuvé,
Et homme saige, entre Saiges trouvé,
Interrogué qu’il donnast certitude,
Comme on pourroit fuir ingratitude :
Ne respondit, à faire le debvoir,
Mais d’employer l’effort de son pouvoir :
En nous donnant par ces mots à entendre,
Que ce n’estoit, de la pareille rendre :
Car aultrement, certes, il s’ensuivroit,
Que, qui du bien recompense debvroit,
Ne la faisant en portion tresjuste,
Seroit nommé homme ingrat, et injuste.
C’est donq’, assés, à qui est, Debitœur,
S’il recognoist tousjours son Creditœur :
Le cognoissant, Debitœur se confesse,
Le confessant, qu’il mette peine expresse,
Que par luy soit au debte satisfaict,
Lors, le vouloir est reputé pour faict.
Cecy je dy (Abbé tresvenerable,
Sur tous Prelats, la flœur incomparable,
Prelat, doué de grand’ perfection)
Cecy je dy, pour excusation.
Sentant en moy, que l’affaire me touche.
On me pourroit faire juste reprouche,
D’avoir esté de vous mescognoissant,
Si mon vouloir debile cognoissant,
A tout le moins, n’estandois ma puissance,
Par le vouloir faire recognoissance,
Car tous vos biens, par biens recompenser,
Je ne pourrois de faict, né de penser.
Penser je puis, qu’il m’est trop impossible,
De satisfaire à l’honneur incredible,
Et au grand bien que j’ay de vous receu :
Mais le vouloir en ce penser conceu,
Est (par deffault de puissance) inutile.
Je vouldrois bien sembler le champ fertile,
Ayant pouvoir (prenant) gaigner ce pris,
De redoubter celà, que j’aurois pris,
Combien pourtant que ne pourrois tant faire,
Que dignement vous peusse satisfaire.
A ce je pense, et (pour parler au vray)
J’y doibs penser tout temps que je vivray.
Car j’ay de vous (quoy que je fusse estrange)
Receu grand bien, conjoinct à grand’ louenge.
J’ay tant receu, que le seul soubvenir,
Me fait (Monsieur) tout honteux devenir,
J’ay tant receu, que la main liberale,
En a esmeu la nation ruralle,
Car quelques Sots ne cognoissants, pourquoy
Il vous plaisoit faire estime de moy,
Et me jugeants, par leur trop grosse teste,
Qu’estre debvois (comme un chascun d’eulx) beste :
Ont contre moy, à la fin machiné,
Et jour et nuict çà et là, mutiné,
En taschant fort, par leurs occults mysteres,
Vous divertir, et messeigneurs vos freres.
Qu’ont ilz gaigné, ces vaillants langaigers ?
Ilz estimoyent trouver des cueurs legiers,
Qui (à leur gré) à tous vents variassent,
Et sans raison, contre raison tournassent.
Ilz estimoyent qu’on feroit plus d’honneur,
A un flattard, et à un jargonneur,
Qui ont cent fois leur langue refrippée,
En avalant ceste franche lippée,
Ne scavants rien que de nombre servir,
Qu’à iceluy, lequel (sans deservir)
Ilz esperoyent chasser de vostre grace.
Qu’à iceluy, qui vostre noble race,
Veult par escript (en disant verité)
Recommander à la posterité.
Mais ilz sont bien esloignés de l’attente,
Où repousoit leur malice latente :
Car vous a pleu, d’un vouloir tresconstant,
Entretenir un Amour persistant,
Non seulement persistant en presence,
(Comme en quelcuns) mais plusfort en l’absence.
Doncques ce n’est sans tresjuste raison,
Si, honnoré de tant noble Maison,
Illuminé (Monsieur) de vostre lustre,
Par mes escripts à mon pouvoir l’illustre.
Elle a assés, par son antiquité,
En tous pays acquis d’auctorité,
Elle est de tous entierement aymée,
Elle est par tout en honneur renommée,
Elle n’a donc de mes escripts besoing.
Ce nonobstant je mettray tout mon soing,
Si ne la puis par cecy faire croistre,
A tout le moins, de la faire apparoistre
Aux estrangiers, faisant tant, qu’en tous lieux,
On cognoistra la Maison de Bressieux.
Copiste
Claire Sicard
 
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