Synthèse
"Loin d’être un phénomène périphérique, la poésie carcérale de Clément Marot (les poèmes du « cycle carcéral », 1534 ; L’Enfer, 1539), Michel d’Amboise (l’Aglogue ou carme pastoral, 1533 ; Le Babilon, 1535) et Étienne Dolet (Le Second Enfer, 1544) est le signe fort d’une interrogation nouvelle sur la nature profonde du rapport entre un individu singulier et la communauté qu’il a provisoirement quittée. Dans le prolongement de la tradition boécienne et dans le contexte particulier de la législation pénale au début du XVIe siècle, le poète-prisonnier se trouve dans une situation doublement inédite : comme prisonnier "mis à nu" et séparé de la collectivité, il est particulièrement conscient de son estat et des défauts de la communauté dont il a été injustement exclu ; comme poète paradoxalement "élu", marqué (positivement) par l’infamie, il est capable de produire une vision nouvelle de cette communauté à la fois lointaine et désirée."