Cette longue pièce présente successivement les discours de "l'autheur", du "Pays de France", et des "trois dames de France" c'est-à-dire les allégories de "Foy", "Loyaulté" et "Noblesse". À la fin du poème, on relève deux insertions lyriques : une épitaphe de François dauphin puis une ballade pour lesquelles nous ne créons pas de fiches spécifiques. La conclusion de la déploration est assurée par le personnage de "l'autheur" qui indique retourner passer la nuit "dedans la cité / Qu'on dit Langres, en fuyant tout dangier, / Où [il a] vescu, et vivr[a] sans bougier / Car elle [l']a nourry dès [son] enfance". Même si son nom reste inconnu, il y a là une indication concernant son origine, qui est d'ailleurs cohérente avec sa dédicace dans le liminaire précédent au duc de Guise, ce prince étant notamment gouverneur de Langres.
Il est par ailleurs possible que l'auteur langrois de cette élégie se soit inspiré dans son dispositif de La Plainte du désiré de Jean Lemaire de Belges (diffusion manuscrite à partir de 1504, texte imprimé à partir de 1509) qui produit notamment une liste d'artistes, comme c'est le cas ici aussi, pour les enjoindre à mettre leur art au service d'un défunt. Même si l'anonyme de Langres n'inclut pas le nom de Lemaire de Belges dans son autre liste consacrée aux poètes, on perçoit que son goût et sa culture le portent vers les Grands Rhétoriqueurs des générations précédentes : il ne serait donc pas étonnant qu'il ait eu connaissance de cet autre poème de déploration et qu'il s'en soit inspiré ici.
Toujours est-il que cette Triste elegie est l'un des rares textes poétiques connus au XVIe siècle à produire une liste d'artistes aussi conséquente. Nous remercions Pierre-Gilles Girault de nous avoir indiqué qu'il pourrait sur ce plan être rapproché non seulement de La Plainte de Lemaire de Belges, mais aussi de la pièce liminaire parue dans la troisième édition (1521) du De artificiali perspectiva de Jean Pélerin Viator ainsi que d'un texte plus tardif de Jean Brèche (Pandectarum de verborum et rerum significatione commentarii, 1556) qui seuls jusqu'ici étaient réputés présenter ce type de liste. On peut toutefois s'étonner que notre texte, contrairement à ces trois autres, paraisse ignorer le nom de Jean Fouquet alors même qu'il met en avant celui de Michel Colombe.