La Cassandre célébrée par Ronsard est un cas limite dans la mesure où il n'est pas toujours aisé de distinguer ce qu'elle doit d'une part à la personne réelle dont elle est en partie inspirée (Cassandre Salviati, voir ce nom) et d'autre part à la réactualisation d'une tradition littéraire, notamment pétrarquiste, sous les traits d'un nouveau personnage féminin.

On peut penser avec Henri Longnon (voir bibliographie) que les deux figures sont étroitement reliées par le prénom commun mais aussi par l'allusion que Ronsard fait, dans le concetto du sonnet 60 des Amours ("Tant de plaisir ne me donnent qu'un pré / Où sans espoir mes esparances paissent"), à la seigneurie de Pray dont Cassandre Salviati est effectivement la dame. Il n'en reste pas moins difficile de considérer certains éléments, tels que la rencontre du 21 avril 1546, qui rejoue l'innamoramento du Canzoniere de Pétrarque, comme des biographèmes. Par ailleurs, Cassandre reste une figure féminine souple - par exemple tantôt blonde, tantôt brune - à laquelle sont associés des événements qui peuvent parfois paraître peu cohérents les uns par rapport aux autres. Plutôt que de penser que Ronsard commet ici ou là des erreurs, nous considérons qu'il exerce dans ces pièces sa liberté d'auteur créant un personnage.

Même si elle est en grande partie fictive, nous prenons néanmoins le parti de consacrer ici une fiche à cette dame,

• d'une part parce que Ronsard la conçoit pour produire un effet de réel (effet corroboré par d'autres poètes traitant Cassandre en personne) ;
• d'autre part parce qu'elle se tient dans une sorte d'entre-deux sans solution de continuité entre fiction et réalité.