"En 1558, le poète percheron Rémy Belleau (1528-1577), ami de Ronsard et de Joachim du Bellay, compose une ode dans laquelle il célèbre les coutumes de sa patrie, rangées sous l'ordre de la loi. Ce poème, rédigé à l'occasion de la mise par écrit de la coutume du Grand-Perche, lors d'une assemblée réunie à Nogent-le-Rotrou, n'a jusqu'à ce jour guère retenu l'attention des historiens du droit. Pourtant, il révèle une portée juridique intéressante. Il illustre, dans un genre pastoral, le grand mouvement de réformation coutumière orchestré par les commissaires royaux, notamment Christophle de Thou. Il souligne l'attention que les membres de la Pléiade portent au droit et à la fixation des coutumes. Il éclaire les liens entre le courant poétique de la seconde moitié du XVIe siècle et la pensée juridique. Tous deux puisent aux sources d'un même humanisme qui encense les traditions nationales et soulèvent les enjeux de la mise par écrit des coutumes. En outre, cette ode légitime, par une exaltation des prérogatives judiciaires et législatives royales, par le rappel de l'origine divine du pouvoir monarchique, le rôle du roi en tant que garant de l'ordre et de l'harmonie sociale et juridique."