A toute heure je voy croistre l’ire et l’orgueil
De l’orage cruël qui si fort me tempeste,
A toute heure je voy cent flots dessus ma teste,
Pour me faire en un gouffre un horrible cercueil.
Mon bateau n’est chargé que d’angoisse et de dueil,
Et quelque tens qu’il face il est tousjours en queste,
L’anchre, c’est ma raison qui jamais ne l’arreste,
Pour peur d’un vent contraire ou crainte d’un escueil.
Toy donc,
mon Avanson, qui vois quel est l’orage,
Et qui peux, si tu veux, me sauver du naufrage,
M’esloingnant du danger, du mal et du soucy,
Mets la main au tymon, et me fais faire voile
En plus heureuse mer, et sous plus douce estoile,
D’un favorable vent m’enlevant hors d’icy.